En France, le port du pantalon par les femmes est resté officiellement interdit jusqu'en 2013, en dépit de son usage généralisé depuis plusieurs décennies. Certaines écoles imposent encore des codes vestimentaires différents selon le genre, interdisant par exemple la jupe aux garçons ou le maquillage aux élèves masculins.
Des entreprises sanctionnent des collaborateurs pour non-respect de “standards professionnels” liés à l'apparence, sans que ces règles soient toujours clairement formulées. Des initiatives récentes questionnent ces pratiques, tandis que des marques multiplient les collections sans distinction de genre.
Les stéréotypes vestimentaires : un reflet des normes sociales et culturelles
Les stéréotypes vestimentaires traversent les siècles sans faiblir. Ils façonnent les frontières entre les genres, les générations, les milieux. À Paris, au détour d'un couloir d'université, une étudiante raconte la pression silencieuse du groupe : la jupe s'impose chez les filles comme une évidence, tandis que les garçons oscillent entre costume strict et jean décontracté. Ces choix, loin d'être anodins, héritent d'une longue histoire. Au Moyen Âge, l'habit sert de carte d'identité sociale, révélant métier, rang, sexe. La tenue masculine codifiée dès la Renaissance apparaît comme un symbole de pouvoir, quand les habits féminins, eux, restreignent la liberté de mouvement et imposent discrétion.
Rien n'a vraiment disparu : aujourd'hui encore, les apparences restent scrutées, encadrées, parfois sanctionnées. Les codes vestimentaires imposés dans les écoles, les entreprises, lors d'événements officiels, tracent des lignes entre masculin et féminin, confortent les rapports de domination. La mode ne se contente pas de décorer le quotidien : elle organise la hiérarchie, marque l'appartenance, façonne l'identité. À l'université de Paris, des chercheurs l'ont montré : la façon de s'habiller influence le sentiment d'intégration ou d'exclusion, renforce ou bouscule la place de chacun dans le collectif.
Pour illustrer ces dynamiques, voici quelques mécanismes à l'œuvre derrière les vêtements que l'on porte :
- Genre : les vêtements différencient filles et garçons dès la petite enfance, installant des attentes distinctes.
- Statut social : le costume, la marque ou le style affiché servent de signes de reconnaissance ou de distinction.
- Appartenance à un groupe : uniformes scolaires, codes des sous-cultures urbaines, chaque détail marque une inclusion ou une exclusion.
La mode paraît frivole, mais elle pèse lourd dans la construction des représentations. Elle permet de se fondre dans la masse ou, au contraire, d'en sortir. Habits et accessoires deviennent des outils, tantôt pour se conformer, tantôt pour affirmer une différence.
Comment la mode façonne-t-elle notre perception du genre ?
L'univers de la mode orchestre, saison après saison, la mise en scène du genre. Dans les défilés, derrière les vitrines ou sur les réseaux sociaux, elle propose des silhouettes, impose des codes, attribue des rôles. Les créateurs de mode jouent parfois la carte de la subversion, mais la barrière entre masculin et féminin demeure bien réelle. Chez Vogue, on célèbre tantôt une virilité affirmée, tantôt une féminité accentuée. Les vêtements deviennent alors des messages : tailleur droit pour les uns, robe légère pour les autres.
Dans la vie courante, l'identité se construit aussi par le choix d'une tenue. À Nanterre, dans une cour de lycée, on observe comment les ados ajustent leurs vêtements pour se fondre dans le groupe, se démarquer, ou parfois se cacher. Les stéréotypes de genre se nichent jusque dans les couleurs, les coupes : pastel pour les filles, ampleur pour les garçons. Les icônes de mode, célébrités, influenceurs, amplifient ce phénomène. Sur Instagram ou TikTok, un look qui buzze façonne immédiatement des normes et des envies, influence la façon dont chacun perçoit son propre corps.
Dans les défilés de mode, quelques créateurs tentent d'effacer ces frontières. Mais la plupart continuent de distribuer des vêtements selon le genre, portés par les habitudes, encouragés par le regard des autres. La mode ne se contente pas de mettre en vitrine des tissus : elle imprime des images, répète des schémas, perpétue la séparation entre hommes et femmes.
Dépasser les codes : vers une mode inclusive et sans étiquette
La mode unisexe gagne du terrain, à Paris comme à Rennes, dans les boutiques branchées ou sur internet. Certains créateurs décident d'abandonner la distinction traditionnelle : les vêtements s'affranchissent des codes, jouent sur les volumes, proposent des couleurs sans stéréotype. Cette évolution ne concerne pas que le cercle fermé de la haute couture : la nouvelle génération interroge les limites, revendique sa liberté, refuse de se laisser enfermer dans des catégories arbitraires.
Peu à peu, l'industrie de la mode esquisse de nouveaux modèles. Des figures non conformes, comme Iel, redéfinissent les contours de la beauté et forcent les maisons à envisager d'autres façons de créer. À Paris, certaines marques misent sur la mode durable et inclusive : elles conjuguent sens écologique et ouverture à toutes les identités. Le vêtement n'est plus seulement une case à cocher, mais un moyen d'exprimer une histoire, un ressenti, une personnalité unique.
Plusieurs tendances marquent ce mouvement vers l'inclusivité :
- collections mixtes proposées à chaque saison ;
- marques qui refusent de classer leurs vêtements par genre ;
- présence accrue de personnes issues de minorités de genre lors des défilés.
La mode unisexe ne relève plus de la simple nouveauté : elle répond à une demande profonde, celle d'une société où l'apparence cesse d'être un prétexte à l'exclusion. À Rennes comme à Paris, les universités observent l'évolution des pratiques, mesurent l'impact sur les imaginaires collectifs, et constatent que les lignes bougent.
Conseils pratiques pour s'habiller au-delà des stéréotypes de genre
Pour sortir des cases, il s'agit d'opter pour des choix vestimentaires qui reflètent vraiment qui l'on est, sans se laisser dicter une identité toute faite. Les vêtements genrés continuent d'attribuer des rôles, dès qu'on franchit la porte d'une école ou d'un bureau. Pourtant, chaque tenue peut devenir un manifeste d'autonomie : chaque corps mérite de bouger, de s'exprimer, de se réinventer à sa façon.
Voici quelques conseils pour expérimenter une mode qui dépasse les stéréotypes :
- Expérimentez la mode unisexe : choisissez des coupes amples, des matières partagées, des motifs qui ne s'embarrassent pas d'étiquettes. Les collections ouvertes évoluent, brouillant la frontière masculin/féminin.
- Associez des éléments issus de différents vestiaires. Pantalon large, blazer, chemise fluide ou accessoires décalés : le mélange compte plus que la provenance.
- Tournez-vous vers la mode durable, qui valorise la qualité. Un vêtement conçu pour traverser le temps dépasse la logique des tendances et s'affranchit des codes vestimentaires imposés.
Le regard collectif évolue : à Paris, à Rennes, dans les universités, la pression sociale s'atténue, en laissant davantage place aux expressions individuelles. Cherchez dans chaque tenue un geste personnel, une affirmation de soi. Considérez le vêtement comme un terrain de jeu, un support pour se redéfinir. La mode, loin d'être figée, invite à brouiller les repères, à oublier les automatismes, à retrouver la joie simple de s'habiller selon ses propres envies.
Demain, le miroir ne renverra plus un genre imposé, mais le reflet d'une liberté conquise, une silhouette qui n'obéit qu'à elle-même.


